top of page

Yves Martin

« Or tu crois qu’il suffirait d’un rien… »

La pluie ne se pose pas encore sur n’importe quelle

   épaule.

L’accordéoniste a tourné les cartes.

L’aiguiseur de couteaux part avec la femme grondante.

Il fait bon préparer le malaise sans faille.

 

Bidons de lait. Pianos mécaniques du matin.

Les vélos frictionnent. Fleurs maboules.

On salue au hasard. On se trompe de porte.

Les premiers chanteurs ne savent quelle plage précipiter.

 

Les nus de septembre sont les plus beaux.

Ni vents ni chiens bretteurs.

Les livres n’en finissent pas de sourire

Aux devantures dorées comme des chapeaux de paille.

Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie

Source : Le marcheur, Yves Martin, La Table ronde, 1972.

Biographie

Yves Martin (1936-1999) est un poète français. Son enfance est celle d’un enfant chétif, solitaire, maladif, conscient et souffrant de sa différence. À l’âge de seize ans, il découvre la poésie à travers les œuvres de Rilke, de Jacques Prevel et d’Apollinaire. Il échoue au baccalauréat. Sous la pression familiale, il entre dans une étude parisienne en qualité de clerc de notaire. Il y restera de 1956 à 1982, année de son licenciement. Passionné par le cinéma, il fonde « Le Nickel Odéon » (1958-59), un club de cinéma avec Bertrand Tavernier, Pierre Maginot et Bertrand Martinand. À partir de 1982, la vie du poète se partage entre la solitude, les lits d’hôpitaux et l’écriture. Il est désormais marqué par la maladie, le désarroi et l’exil, mais aussi par le merveilleux, qui transpire de ses vers. Entretemps, son premier manuscrit Partisan est publié par Jean Breton et Guy Chambelland (1964). Trente-et-un livres suivront, dont treize livres de poèmes et dix-sept livres de récits, de nouvelles, et un essai sur le cinéma : Le Cinéma français 1946-1966. Un jeune homme au fil des vagues (1998). Source : leshommes sansepaules.com.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

  • Facebook Social Icon
  • YouTube Social  Icon
bottom of page