Yuri Annenski
L'Oubli
Нерасцепленные звенья,
Неосиленная тень, —
И забвенье, но забвенье
Как осенний мягкий день,
Как полудня солнце в храме
Сквозь узор стекла цветной, —
С заметенною листами,
Но горящею волной…
Нам — упреки, нам — усталость,
А оно уйдет, как дым,
Пережито, но осталось
На портрете молодым.
№85 из книги Кипарисовый ларец, 1910
Maillons indémaillables,
Ombre indomptable,
Puis l'oubli. Un oubli aussi doux,
Qu'un jour automnal,
Qu'un soleil de midi dans l'église,
Pénétrant les vitraux colorés,
En une chaude vague
De feuilles entremêlées.
A nous les reproches, à nous la lassitude,
Mais l'oubli part, en fumée,
Il a tant vécu, mais son portrait
Conserve sa jeunesse.
Présences à Frontenay 2016, L'Oubli
Source : poème N° 85 du recueil Le Coffret de Cyprès, de Yuri Anneski, traduction du russe par Anne Laurent.
Biographie
Yurii Annenski (1860-1909) est un poète russe. Après des études secondaires à domicile, il achève en 1879 des études de linguistiques comparée à l’Unversité de Saint-Pétersbourg et entame une carrière de professeur. Après une routine pédagogique épuisante – jusqu’à 56h de cours par semaine – il présente sa démission, qui est acceptée quelques heures avant qu’une crise cardiaque le terrasse à l’entrée de la gare. Influencé par Leconte de Lisle, Baudelaire Verlaine, qu’il a traduit, sa poésie s’inscrit parmi celle des poètes décadents. Il excelle dans la description pointilliste de visions hallucinatoires. Sa verve aussi novatrice qu’acerbe révèle aussi une perception aiguë de l’a-réalité – « il est venu le temps / des enthousiasmes énigmatiques ». Illustrant le combat entre le vrai et le faux, la réalité et la chimère, l’oeuvre d’Annenski, en marge des courants, ouvre la voix à la nouvelle génération des post-symboliqutes comme Akmatova, Pasternak, et Mandelstam. Sources : Patrimoine littéraire européen: Vol. 12 - Mondialisation de l'Europe (1885-1922), éditions de Boeck Université, ladifference.fr.