Sandro Penna
Fantasia per un inizio di primavera
Fantaisie pour un début de printemps
tuoi occhi infernali
non mi guardano più.
Sento nascere ali
in me. Già guardo in su.
Solcano verdi prati
leggeri treni neri
e scordano, beati,
le stazioni di ieri.
Ove - ferme le ore
su attoniti quadranti -
ritorna un vago amore
alle cose vaganti.
Partire è ancora lieve
se ti lasci alle spalle
- dimentico - la neve
che scende al fondo valle.
Tes yeux infernaux
ne me regardent plus.
Je sens naître des ailes
en moi. Déjà je regarde là-haut.
Labourent les prés verts
de légers trains noirs
et oublient, béats,
les gares d’hier.
Où – immobiles les heures
sur les cadrans stupéfaits –
revient un vague amour
aux choses errantes.
Partir est encore léger
si tu laisses derrière toi
– oubli – la neige
qui descend au fond de la vallée.
Présences à Frontenay 2016, L'Oubli
Source : Tutte Poesie, Sandro Penna, Garzanti, 1977, traduction Thierry Gillybœuf.
Biographie
Sandro Penna (1906-1977) est un poète italien. Né dans une famille bourgeoise, diplômé en comptabilité, il s’installe à Pérouse comme comptable, puis comme employé de librairie, relecteur et vendeur d'objets d'art. En 1929, il fréquente les milieux littéraires par l'entremise de son ami Umberto Saba. En 1939, il publie son premier recueil de vers, qui est couronné de succès. Il collabore alors à d'importants magazines, dont Corrente, Letteratura, Il Frontespizio, et Il Mondo. Dans les années 1950, il publie une anthologie. À la fin de l’année 1976, sort en librairie Stranezze, pour lequel il gagne le prix Bagutta, quelques jours avant sa mort. Le timbre de ses vers est classique, ses strophes brèves, d'une douceur chantante, loin des expériences contemporaines. Parmi les admirateurs de sa poésie se trouve Pier Paolo Pasolini, qui lui dédia deux chapitres de son livre d'essais Passione e ideologia. Source : Wikipédia.