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René Char

Evadné

L’été et notre vie étions d’un seul tenant

La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante

Avidité et contrainte s’étaient réconciliées

Le château de Maubec s’enfonçait dans l’argile

Bientôt s’effondrerait le roulis de sa lyre

La violence des plantes nous faisait vaciller

Un corbeau rameur sombre déviant de l’escadre

Sur le muet silex de midi écartelé

Accompagnait notre entente aux mouvements tendres

La faucille partout devait se reposer

Notre rareté commençait un règne

(Le vent insomnieux qui nous ride la paupière

En tournant chaque nuit la page consentie

Veut que chaque part de toi que je retienne

Soit étendue à un pays d’âge affamé et de larmier géant)

 

C’était au début d’adorables années

La terre nous aimait un peu je me souviens.

 

 

Présences à Frontenay 2016, L'Oubli

Source : Seuls demeurent, de René Char, Gallimard, 1945.

Biographie

IRené Char (1907-1988) est un poète français. Né à L'Isle-sur-la-Sorgue, son père meurt lorsqu'il a onze ans. Il part alors comme pensionnaire du lycée d'Avignon puis, à Marseille en 1925, comme étudiant à l'école de commerce. D'une carrure imposante, il se passionne pour le rugby et montre son attirance pour la marginalité en fréquentant les "matinaux", ces vagabonds qui vivent au rythme des saisons. Fervent lecteur, il affectionne Plutarque, François Villon ou les romantiques comme Nerval et Baudelaire. En 1925, il publie Cloches sur le coeur, un recueil de nouvelles qu’il détruira ensuite, et en 1929, Arsenal, un recueil de poèmes dont il envoie un exemplaire à Paul Eluard. Ce sont les prémices d'une grande amitié entre les deux poètes. En 1930, il rejoint l'expérience surréaliste aux côtés de Breton, d'Aragon et de Picasso. Durant l’Occupation, René Char, sous le nom de Capitaine Alexandre, participe, les armes à la main, à la Résistance, « école de douleur et d’espérance ». Il relate cette expérience dans Les Feuillets d'Hypnos (1946). L’après-guerre le laisse profondément pessimiste sur la situation politique française et internationale, comme en témoignent À une sérénité crispée ou L’Âge cassant. Sous ce rapport, ses vues sont proches de celles d’Albert Camus avec qui il entretient une indéfectible amitié. « L'une des grandeurs de René Char, (…) c'est que sa poésie est révélation de la poésie, poésie de la poésie. » Blanchot. Sources : unjourunpoeme, babelio, Wikipedia.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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