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Ibn Al-Mou’tazz

Le jardin était dans la mer

Le jardin était dans la mer
Œillets d'écume cap profond
Ta main s'en allait avec l'eau
Comme une traîne nuptiale
Ta main libérait tout le ciel

Des anges à onze épées
Flottaient à côté de ton nom
Coupeurs de vagues à leurs crêtes
Et les voiles blanches penchaient
Aux courtes rafales du vent

Avec des épines de roses
Tu cousais les rubans de l'attente
Aux cheveux des collines de ton amour
Et disais ; celle qui peigne la lumière
Est une cascade ici qui s'amuse

Flèche voleuse scandale du rire
Ô petite enfant du jour qui n'en finit pas
Dans les arbres rayonnants tu jouais avec les racines
Tu ouvrais les cornets de l'eau
Gaulant les jujubes de l'oubli

Et quand venait la nuit aux prodigues violons
Dans les moulins à demi-détruits tu parlais
Tout bas avec une magicienne
Dans tes seins tu cachais un cadeau
Qui était la lune elle-même

Lune de-ci lune de-là
Énigme que lisait la mer
Sans aucun mal et pour ton seul plaisir
Œillets d'écume cap profond
Le jardin était dans la mer.

 

Présences à Frontenay 2016, L'Oubli

Source : Soleil premier (1943), Traduction de Dominique Grandmont, in 37 poètes grecs de l’Indépendance à nos jours, Oswald éditeurs, 1972. 

« Sur l’ignorance se repose le ciel » (extrait)

Sur l’ignorance se repose le ciel

Sur le bastingage du sommeil de l’homme

Captif chanceux d’une flamme qui se disculpe en écrivant ses initiales dans les ténèbres

Déployées dans un autre monde qui a le privilège des paupières closes

 

Présences à Frontenay 2016, L'Oubli

Source : Soleil premier (1943), Traduction de Dominique Grandmont, in 37 poètes grecs de l’Indépendance à nos jours, Oswald éditeurs, 1972. 

Biographie

Odysseas Elytis (1911-1996) est un poète grec. Né à Héraklion, en Crète, il est le dernier de six enfants d’une famille qui entretient des relations étroites avec le premier ministre de l’époque. Il connaît une enfance heureuse, passant des étés dans les îles à courir pieds nus sur les plages, au contact de la mer et du soleil. Passionné par la lecture, il connaît son premier choc poétique en découvrant Constantin Cavafy, suivi de Kalvos, Pierre-Jean Jouve, et Paul Éluard avec qui il découvre le surréalisme. Après des études de droit, il est nommé Consul en Albanie en 1936, puis fait l’École des Officiers de Réserve. En 1940, mobilisé et transféré sur les zones de combats, il est blessé et atteint du typhus. En 1943, il participe aux réunions clandestines d’Embirìkos où sont lus des poètes dont Kostis Palamas. En 1945, Élytis, il est nommé à la direction les programmes à la Radiodiffusion Nationale, mais démissionne un an plus tard quand éclate la guerre civile. En 1948, il s’exile pour la Suisse, puis pour Paris où il multiplie les rencontres. De retour en Grèce en 1951, il s’installe dans le quartier de Kifissia, à Athènes et travaille pour le théâtre. La publication de son long poème Axio esti en 1960 marque les début de la gloire du poète. Il voyage alors à travers le monde, tout en retrouvant les îles de la mer Égée durant la période estivale. À travers sa « métaphysique solaire » Élytis mène une quête du paradis perdu de la Beauté. Il définit la poésie comme « l’art de nous rapprocher de ce qui nous dépasse ». En 1979, le prix Nobel lui est attribué « pour sa poésie prenant appui sur la tradition grecque avec une force sensuelle et une lucidité de la condition de l’homme moderne. » Sources : espritsnomades.com, volkovitch.com, Wikipedia.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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