Max Jacob
La pluie
Monsieur Youssouf a oublié son parapluie
Monsieur Youssouf a perdu son parapluie
Madame Youssouf, on lui a volé son parapluie
Il y avait une pomme d'ivoire à son parapluie
Ce qui m'est entré dans l'œil, c'est le bout d'un parapluie Est-ce que je n'ai pas laissé mon parapluie
Hier soir dans votre porte-parapluie ?
Il faudra que j'achète un parapluie
Moi, je ne me sers jamais de parapluie
J'ai un cache-poussière avec un capuchon pour la pluie
Monsieur Youssouf, vous avez de la veine de vous passer de parapluie.
Présences à Frontenay 2016, L'Oubli
Source : Poèmes, de Max Jacob, éditions Folio junior, 2011.
Biographie
Max Jacob (1876-1944) est un poète français. Né à Quimper, dans une famille juive non-pratiquante, il y passe sa jeunesse, puis se lance à Paris dans l’aventure cubiste de Montmartre, avec Picasso, Braque, Matisse, Apollinaire et Modigliani. Après des années de bohème, et alors qu'il rentre de la Bibliothèque nationale, l'image d'un ange lui apparaît sur le mur de sa chambre : « Quand j'ai relevé la tête, il y avait quelqu'un sur le mur ! Il y avait quelqu'un ! Il y avait quelqu'un sur la tapisserie rouge. Ma chair est tombée par terre. J'ai été déshabillé par la foudre ! » Il sera baptisé dix ans plus tard, à 40 ans, avec Picasso comme parrain. Entretemps, sa vie bohème se poursuit durant laquelle il publie des œuvres d’avant-garde, dont en 1917, son chef d’œuvre, Le Cornet à dé. En 1921, un an et demi après la mort de Modigliani, détruit par l'alcool, Max Jacob renonce définitivement aux psychotropes et sur les conseils d'un ami prêtre, s'exile à Saint-Benoît-sur-Loire dans un presbytère. Il reprend par la suite une vie d’artiste, multiplie des rencontres homosexuelles, et devient une figure en vue – il reçoit la légion d’honneur. Il se décrit alors comme « un petit vieux bonhomme chauve, coquet, aimable, très raide au fond, très catholique, torturé par les péchés, buveur, bien portant, vantard, gaffeur, susceptible, astrologue assez bête, amoureux, aimant les petites gens et ne fréquentant hélas que les grands. » Il s’installe définitivement en 1936 à Saint-Benoît-sur-Loire, près de l'abbaye bénédictine où il mène alors une vie quasi-monastique. C'est là qu'il est arrêté par la Gestapo, le 24 février 1944 déporté au Camp de Drancy, où il meurt d'épuisement deux semaines plus tard, en dépit de diverses interventions pour le faire libérer, dont celles de Jean Cocteau et Sacha Guitry. Source : Wikipedia.