Maurice Maeterlinck
Désirs d’hiver
Je pleure les lèvres fanées
Où les baisers ne sont pas nés
Et les désirs abandonnés
Sous les tristesses moissonnées.
Toujours la pluie à l'horizon !
Toujours la neige sur les grèves !
Tandis qu'au seuil clos de mes rêves
Des loups couchés sur le gazon
Observent en mon âme lasse.
Les yeux ternis dans le passé,
Tout le sang autrefois versé
Des agneaux mourants sur la glace.
Seule la lune éclaire enfin
De sa tristesse monotone,
Où gèle l'herbe de l'automne,
Mes désirs malades de faim.
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Poètes symbolistes, anthologie, La Table Ronde, Paris, 2003, p. 293.

Biographie
Maurice Maeterlinck (1862- 1949) est un écrivain et poète francophone belge. Né à Gand, en Belgique, d’une famille bourgeoise francophone, il fait des études de droit avant de se tourner vers l’écriture en publiant ses premiers vers à 19 ans dans le journal La jeune Belgique. Sa renommée survient en 1889 lorsque Octave Mirbeau publie un article élogieux sur La Princesse Maleine, premier drame de Maeterlinck, édité́ à seulement trente exemplaires et réédité́ l’année suivante. Il écrit alors de nombreux recueils de poèmes comme Serres chaudes, Douze chansons et des pièces de théâtre dont Pelléas et Mélisande, la plus connue, notamment pour son adaptation à l’opéra par Claude Debussy. Maeterlinck fait partie du mouvement symboliste qui met en scène des situations tragiques, le « tragique quotidien qui est bien plus réel, bien plus profond et bien plus conforme à notre être véritable que le tragique des grandes aventures » écrit-il. Une autre partie de son œuvre traite de domaines psychologiques et scientifiques, car il est fasciné par le monde naturel, cherchant une philosophie au monde végétal. Il est à ce jour encore le seul écrivain belge à avoir reçu le prix Nobel de littérature, en 1911. Source : bnf.fr.