Marien Defalvard

Narthex (extrait)

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Le ciel, à cette époque, était une cuvette borgne avec des vapeurs de vivarium –

Nous le frottions de notre ironie,

Pour qu'il retrouve sa nature d'origine : le Mal et ses discours multiples, ses discours caducs ou zélés

Le Mal aux ailes coupées comme l'esprit qui gêne

Le Mal aux allures de pauvre type pâmé

Le Mal infantile et fraudeur

Le Mal que chacun a appris à aimer, tolérance oblige

Le Mal auquel il arrive de parler grec –

Et que nous ne savons pas reconnaître en vérité

Car nous ne sommes pas moins faibles que les auteurs,

 

Le Mal et ses arborescences plus longues que les chemins blancs de la Margeride dans l'été asphyxié

Le Mal et ses palmures plus nombreuses que les nervures sur les pierres grises de la Margeride

Le Mal et ses réseaux plus embrouillés que les rues des villages torchés de la Margeride aux pierres grises et asphyxiées

Le Mal et son discours ;

Voilà ce qu'il y avait à l'origine et que nous préférions oublier.

 

L'oubli est une couardise colossale qui retourne les éléments contre celui qui le pratique

L'ignorance est une couardise colossale

L'inconscience est une couardise colossale mais involontaire et créatrice

Elle tient dans ses mains les fils d'or de l'art purifié."

 

 

 

Présences à Frontenay 2016, L'Oubli

Source : Narthex, de Marien Defalvard, éditions Exil, 2016, p.15 et 16.