Lu Xun
L'espoir (extrait)
La pluie ne se pose pas encore sur n’importe quelle
épaule.
L’accordéoniste a tourné les cartes.
L’aiguiseur de couteaux part avec la femme grondante.
Il fait bon préparer le malaise sans faille.
Bidons de lait. Pianos mécaniques du matin.
Les vélos frictionnent. Fleurs maboules.
On salue au hasard. On se trompe de porte.
Les premiers chanteurs ne savent quelle plage précipiter.
Les nus de septembre sont les plus beaux.
Ni vents ni chiens bretteurs.
Les livres n’en finissent pas de sourire
Aux devantures dorées comme des chapeaux de paille.
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Anthologie de la poésie chinoise, publiée sous la direction de Remi Mathieu, traduction du chinois par Chantal Chen-Andro, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 2015, p. 1103.

Biographie
Lu Xun (1881-1936) est un écrivain et poète chinois, un des fondateurs de la littérature chinoise contemporaine. Né à Shoxing, au Zhejiang, il se rend au Japon en 1902 pour y étudier la médecine. En 1906, il s’oriente vers la littérature, voyant en elle le meilleur moyen de « changer les mentalités ». Il retourne en Chine en 1909 et publie, en 1918, sa nouvelle Le Journal d’un fou, la première œuvre écrite dans la nouvelle langue littéraire ; puis en 1921 La Véritable histoire de Ah Q, et, en 1927, son recueil de poèmes en prose La Mauvaise Herbe. En 1930, il participe à la création de la Ligue des écrivains de gauche, et, en 1933, à celle de la ligue chinoise des droits de l’homme. Il est surtout connu comme essayiste à la plume polémique. Dans les dernières années de sa vie, il traduit des auteurs russes. Source : Anthologie de la poésie chinoise, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard.