Li Bai
En buvant avec un ermite dans la montagne
Face à face, nous buvons, éclosent les fleurs des monts ;
Une coupe, une coupe, et encore une coupe !
Ivre, je veux dormir, tu peux t’en aller à présent ;
Demain matin, si tu veux, prends ta cithare et reviens.
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Anthologie de la poésie chinoise, publiée sous la direction de Remi Mathieu, traduction du chinois par Florence Hu-Sterk, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 2015, p. 468.
assis face à la montagne Chin ting
les oiseaux s'envolent haut et disparaissent
le nuage solitaire oisif doucement s'éloigne
assis seul et sans lassitude
face à la montagne Chin ting
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Cartes postales de la Chine ancienne, traduction du chinois d’Anh, éditions QuazaQ. iBooks.
J’interroge la lune une coupe de vin à la main
青天有月来几时?
我今停杯一问之。
人攀明月不可得,
月行却与人相随。
皎如飞镜临丹阙,
绿烟灭尽清辉发。
但见宵从海上来,
宁知晓向云问没?
白兔捣药秋复春,
嫦娥孤栖与谁邻?
今人不见古时月,
今月曾经照古人。
古人今人若流水,
共看明月皆如此。
唯愿当歌对酒时,
月光长照金樽里。
Lune dans le ciel bleu, depuis quand es-tu là ?
Je te pose la question, une coupe à la main.
L’homme ne peut pas monter sur la lune claire ;
Mais la lune se promène toujours avec l’homme.
Miroir aérien brillant sur la porte rouge du palais ;
Elle répand un éclat pur quand la brume se dissipe.
On la voit se lever dans la nuit au-dessus de la mer ;
On oublie qu’elle se noyait dans les nuages du matin.
Le lièvre blanc y pile la drogue magique jour et nuit ;
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Anthologie de la poésie chinoise, publiée sous la direction de Remi Mathieu, traduction du chinois par Florence Hu-Sterk, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 2015, p. 469.

Offert à Meng Haoran
JJ’admire beaucoup maître Meng ;
Son élégance est partout connue.
Jeune, il fuyait voitures et coiffes ;
Vieux, il dort sous les pins et les nues.
Souvent il s’enivre au clair de lune ;
Aime trop les fleurs pour servir le souverain.
Comment peut-on regarder ce sommet ?
Chanter sa vertu serait vraiment vain !
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Anthologie de la poésie chinoise, publiée sous la direction de Remi Mathieu, traduction du chinois par Florence Hu-Sterk, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 2015, p. 468.
En buvant avec un ermite dans la montagne
jeune j'ai quitté mon village vieillard j'y reviens !
mon accent n'a pas changé mes cheveux ont blanchi
les enfants que je rencontre ne me connaissent plus
ils rient et me demandent d'où viens-tu étranger ?
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Cartes postales de la Chine ancienne, traduction du chinois d’Anh, éditions QuazaQ. iBooks.
Biographie
Li Bai ou Li Po (701, 762), est poète chinois qui incarne le mieux l’esprit à l’apogée des Tang. Certains aspects de sa jeunesse sont incertains. Il serait né en Asie centrale et aurait rejoint le Sichuan avec son père, à l'âge de cinq ans. Il écrit des poèmes dès l'âge de quatorze ans et devient le disciple d'un ermite, Zhao Rui, sur le mont Omei qui le familiarise avec le taoïsme. À l'âge de vingt-cinq ans il entreprend un voyage, jusque dans la basse vallée du Yang Tse où il dépense des fortunes. En 726, il épouse la petite-fille d'un ancien premier ministre et se range pendant une dizaine d'années. Échouant à faire carrière, il part de nouveau en voyage, séjourne à Taiyuan, capitale du Shanxi, fait l'ascension du mont sacré Taishan, se fixe deux ans à Hanlin où il perd son emploi peut-être à cause de son penchant pour la boisson. Il reprend la route et fait la rencontre de Du Fu, autre grand poète de la période Tang. Il écrit alors ses poèmes les plus connus, comme Le Cri des corbeaux à l'approche de la nuit. En 756, il se remarie pour la quatrième fois et vit en ermite taoïste tandis que son épouse devient nonne. Peu après, il est à nouveau poète de cour, avant d’être assez vite condamné à l'exil au Yunnan, mais, il se presse si peu pour s’y rendre qu'il est amnistié avant d’y être arrivé. D'après la légende, il est mort alors que, ivre sur un bateau, il voulait attraper le reflet de la lune dans l'eau. La poésie de Li Bai se caractérise par sa spontanéité et mêle rêve et réalité. Outre les thèmes taoïstes, ses poèmes traitent de l'alcool, des femmes et de la nature sauvage. Source s: wikipedia, Anthologie de la poésie chinoise, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard.