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Ingeborg Bachmann

Paris

Sur la roue de la nuit tressés

dorment les perdus

dans les couloirs tonitruants en bas ;

mais là où nous sommes est la lumière.

 

Nous avons les bras pleins de fleurs

mimosas de tant d'années ;

pont après pont tombe de l’or

sans un souffle dans le fleuve.

 

Froide est la lumière, encore plus froide

la pierre devant le porche,

et les conques des fontaines

sont déjà̀ à demi vidées.

 

Qu'adviendra-t-il si, pris de nostalgie

jusque dans les cheveux fuyants,

nous demeurons ici et demandons : qu'adviendra-t-il

si nous surmontons l’épreuve de la beauté́ ?

 

Sur les chars glorieux de lumière,

Même veillant, nous sommes perdus,

sur les champs des génies en haut ;

mais où nous ne sommes pas, c’est la nuit. 

Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie

Source : Dossier Ingeborg Bachmann, par Françoise Rétif, Poezibao, mars 2010. Toute personne qui tombe a des ailes,  Ingeborg Bachmann, traduction de Françoise Rétif, Collection Poésie/Gallimard, 2015.

Biographie

 

Ingeborg Bachmann (1926-1973) est une poète autrichienne. Née à Klakenfurt en Carinthie, après avoir commencé des études de droit, elle se consacre aux lettres et à la philosophie et obtient son doctorat de philosophie en 1950 avec une thèse intitulée : « La réception critique de la philosophie existentielle de Martin Heidegger ». Comme beaucoup d'écrivains de l'immédiat après-guerre, elle commence sa carrière de poète au sein du Groupe 47, mouvement qui veut libérer les hommes des mots salis par les Nazis, et les aider à écrire un nouveau monde. Ses poèmes et pièces radiophoniques reçoivent à la fois un succès critique et un engouement du public, lui assurant une première renommée dans le monde germanophone. Entre 1958 et 1962, Ingeborg Bachmann partage sa vie avec l'écrivain suisse allemand Max Frisch, rencontré à Francfort. Ils vivent entre Rome et Francfort. Elle a une relation longue avec Paul Celan pour qui elle fut la « femme aimée ». Son roman, Malina publié en 1971, se veut le premier volet dans l'aboutissement d'un effort de rénovation « féminin » de la langue. Mais il est son dernier ouvrage : elle meurt brûlée vive dans sa chambre d'hôtel à Rome, le 17 octobre 1973. Le prix Ingeborg Bachmann, créé en 1977, traduit la place qu’elle occupe dans les lettres allemandes. Source : wikipedia.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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