Hanne Brammess
« Celui qui ne veille pas »
Den som våker ser ikke
regnet
i halvsovne mot en gråhvit mur
morgenen et en søyle
i fremmed vann
et hav av akterutseilte
drømmer
Celui qui ne veille ne voit pas
la pluie
dans le demi-sommeil contre un mur gris pâle
le matin est une colonne
dans une eau étrangère
un océan de rêves
qui ont manqué le bateau
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Trois poètes norvégiens, Øyvind Rimbereid, Hanne Bramness, Torild Wardenaer, traduction d’Anne-Marie Soulier, Éditions du Murmure, 2011, p. 65.

« Tu m'as montré l'oubli »
Du viste meg glemselen
Du rodde båten inn i motlyset
Over fjorden, du styrte
Vinden fri av skogen gjennom natten
Du styrte regnet, du strøk
Regnet ut
Tu m’as montré l’oubli
tu as mené la barque dans le contre-jour
de l’autre côté du fjord, tu as libéré
le vent de la forêt, à travers la nuit
tu as détourné la pluie, tu as effacé
la pluie
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Trois poètes norvégiens, Øyvind Rimbereid, Hanne Bramness, Torild Wardenaer, traduction d’Anne-Marie Soulier, Éditions du Murmure, 2011, p. 63.
« La pluie commence à l’orée de la vue »
Regnet begynner i synsranden
det er dødt før der når
bakken
det smalner inn i synsfeltet
til aske, en horisont av
aske
La pluie commence à l’orée de la vue
elle est déjà morte avant d’avoir atteint
la pente
elle se resserre dans le champ de vision
devient cendres, un horizon de
cendres
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Trois poètes norvégiens, Øyvind Rimbereid, Hanne Bramness, Torild Wardenaer, traduction d’Anne-Marie Soulier, Éditions du Murmure, 2011, p. 67.
Biographie
Hanne Brammess (née en 1959) est reconnue comme un des poètes norvégiens les plus importants de sa génération. Après un séjour en Angleterre dans les années quatre-vingts, elle vit à présent entre la Norvège et Berlin avec son mari, l’écrivain Lars Åmund Vaage. Son premier recueil, Korrespondanse, a été publié en 1983, alors qu’elle n’avait que vingt-quatre ans. On y voit déjà affleurer le thème majeur de la lumière, qu’elle ne cessera d’explorer par la suite. Sa bibliographie comprend des recueils et des romans pour la jeunesse, de nombreuses traductions d’auteurs : Sylvia Plath, Denise Levertov, Selima Hill, William Blake, l’Indienne Kamala Das, l’Estonienne Marie Under, des recueils de poèmes japonais et chinois du passé. Hanne Bramness obtient en 1996 le Prix du Club de Poésie Norvégien pour ses traductions, et en 2006 le très recherché Doblougspris, décerné par une académie suédoise. Source : éditions Le Murmure.