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Gianni Siccardi

Estas son las palabras que amo 

Ceux-ci sont les mots que j’aime (extrait)

si no tuviéramos amigos muertos

y enemigos

amores olvidados

si no estuviéramos cansados de los diarios de la mañana

de los deportes y las ejecuciones

de las estrellas fugaces

de la ferocidad de la calle    

de los ruidos de esta ciudad

a los que dentro de poco agregaremos otros ruidos

dejando que el reloj de la cocina

que el sol

recorran estas piezas

tus cosas y mis cosas

que entren aquí el calor y los gritos

que nuestras pobres cosas

sean azotadas por el sol y los malentendidos

que entre aquí la violencia

y se vaya sin saber que aquí un día

entraron la desesperación y el amor

o algo que se desesperaba por darse con el amor

 

si no tuviéramos las palabras

palabras de amistad de hastío de indiferencia

palabras complicadas con el amor

palabras que recuerdan el amor

aunque no le pertenezcan

si no tuviéramos los ruidos de las palabras

si no estuviéramos cansados de tanta estupidez

y tanto olvido     

 

Ceux-ci sont les mots que j’aime (Extrait)

si nous n’avions pas d’amis morts

et d’ennemis

des amours oubliés

si nous n’étions pas fatigués des journaux du matin

des chroniques sportives et des exécutions

des étoiles filantes

de la férocité de la rue

des bruits de cette ville

auxquels s’ajouteront quelques autres sous peu

laissant que l’horloge de la cuisine et le soleil

parcourent ces chambres

tes affaires et les miennes

que pénètrent ici la chaleur et les cris

que toutes nos pauvres choses

soient frappées par le soleil et les malentendus

qu’entre ici la violence

et qu’elle s’en aille ensuite sans savoir qu’ici un jour

sont entrés le désespoir et l’amour

ou quelque chose qui désespérait de se donner avec l’amour

 

si nous n’avions pas les mots

des mots d’amitié d’ennui d’indifférence

des mots compliqués avec l’amour

des mots qui rappellent l’amour

bien que ne lui appartiennent pas

si nous n’avions pas le bruit des mots

si nous n’étions pas lassés de tant de bêtise

et tant d’oubli  

 

Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie

Source : Travesía [Traversée] (1967), in Los nuevos (Sélection de Josefina Delgado et Luis Gregorich), Buenos Aires, Centro Editor de América Latina, coll. Capítulo / Biblioteca argentina fundamental, 1968, p. 135-136. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Susana Peñalva.  

Biographie

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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