Eugenio Montejo
Final de lluvia
Fin de pluie
Ya ennegrecen los árboles
sus ramas y sus flores
al fin del aguacero.
En la terraza del café
una sombra amontona las sillas
donde rondan amores bisiestos.
Las últimas gotas en las hojas
lavan las plumas del tordo
que ya por hoy no quiere vuelo
Pasan parejas con paraguas.
Pasan paraguas sin parejas.
Voilà les arbres qui noircissent
branches et fleurs
au terme de l’averse.
Sur la terrasse du café
une ombre amoncelle les chaises
où rôdent des amours intermittentes.
Les dernières gouttes dans les feuilles
lavent les plumes de l’étourneau
qui pour aujourd’hui ne veut plus d’envol.
Il passe des couples sous parapluie.
Il passe des parapluies sans couples.
Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie
Source : Trois poètes vénézuéliens, traduction François Migeot, éditions le Murmure, 2013.

Biographie
Eugenio Montejo (1938-2008) est un poète, essayiste et diplomate vénézuélien né à Caracas. Considéré l’un des grands représentants de la poésie sud-américaine, son œuvre se caractérise par sa richesse textuelle et par une grande maîtrise sur le plan formel. La poésie de Montejo est celle d’une célébration de la présence au monde, toujours évanescente, et celle de la sauver de l’ombre de la perte. Il est l’auteur de divers recueils de poèmes : Elegos (1967), Muerte y memoria (1972), Algunas palabras (1977), Terredad (1978), Trópico absoluto (1982), Alfabeto del mundo (1986) et Chamario (2003), ainsi que de plusieurs essais : La ventana oblicua (1974), El taller blanco (1983) y El cuaderno de Blas Coll (1981). Ambassadeur de son pays dans la capitale du Portugal pendant plusieurs années, il reçoit d’importantes distinctions pour son œuvre littéraire. Source : amediavoz.com, préface de François Migeot à Trois poètes vénézuéliens, Bourgogne, Editions le Murmure, 2014.