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Charles Cros

Plainte

Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre,

À la clarté du gaz, je végète et je meurs.

Mais vous vous y plaisez, et vos regards charmeurs

M'attirent à la mort, parisienne fière.

 

Je rêve de passer ma vie en quelque coin

Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques,

En Orient, ou bien près du pôle, très loin,

Loin des journaux, de la cohue et des boutiques.

 

Mais vous aimez la foule et les éclats de voix,

Le bal de l'Opéra, le gaz et la réclame.

Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois,

Je me tue à vouloir me civiliser l’âme.

 

Je vous ennuie à vous le dire si souvent :

Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure...

Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent,

En clair peignoir ruché, sur un fond de verdure!

 

Présences à Frontenay 2016, L'Oubli

Source : Poètes en partance, De Charles Baudelaire à Henri Michaux, Anthologie. Éditions Poésie Gallimard, 2011, p. 34.

Biographie

 

Charles Cros (1842-1888) est un poète et inventeur français. Né à Paris, il est professeur de chimie à l'Institut parisien des sourds-muets entre 1860 et 1863, puis se consacre à la recherche scientifique. En 1867, il présente à l'Exposition un prototype de télégraphe automatique. Dix ans plus tard, il adresse à l'Académie des sciences un mémoire décrivant le principe d'un appareil de reproduction des sons, qu'il nomme « paléophone ». Avant qu’il ait construit un prototype, Thomas Edison, aux États-Unis, met au point le premier phonographe. Comme poète, il publie ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain et fréquente les cercles et cafés littéraires de la bohème de l'époque. Il est connu pour ses poèmes monologues, dont le plus fameux est Le Hareng saur, qu'il récitait lui-même dans des cabarets parisiens comme Le Chat noir. Source : Wikipedia.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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