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Pierre Réverdy

Temps sec

Un feu naturel flambe dans la grille des bois

A la racine prise au fond de la mémoire

Les sentiers imprévus et le ravin plus bas

Le trou creusé du ciel où les bêtes vont boire

Il n'y a qu'un moment plus frais dans la saison

dont les rousseurs s'effacent

sur le visage inquiet du vagabond

toujours conduit et rejeté

au temps qui le dépasse

La pluie manque au rocher

Le sillon suit son pas

Et l'homme fatigué revient sur la nuit noire

La route de clarté reflète un tourbillon

Une bouffée de mots tièdes qui veulent dire

Tous les oiseaux du ciel cherchent une oraison

Les arbres sont pris de délire

Tout est perdu dans la réalité

Tout est trop loin pour la main prisonnière

Le filon d'or

et la lumière

Le dernier regard de l'été.

Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie

Source : Main d’œuvre, poèmes 1913-1949, Pierre Reverdy, Mercure de France, Paris, 1989.

Biographie

 

Pierre Réverdy (1889-1960) est un poète français associé au cubisme et aux débuts du surréalisme. Il a eu une influence notable sur la poésie moderne de langue française. Né à Narbonne, Pierre Reverdy grandit au pied de la Montagne Noire dans la maison de son père. Il vient d'une famille de sculpteurs, de tailleurs de pierre d'église. Il a poursuit ses études à Toulouse et à Narbonne. Il arrive a Paris en octobre 1910 et vit à Montmartre, du coté du célèbre bateau-lavoir. Pendant seize ans, il vivra pour créer des livres avec pour compagnons Picasso, Braque, Matisse, et bien d'autres. Toutes ces années sont liées à l'essor du Surréalisme, dont il sera l'un des inspirateurs, sans jamais s'y lier. En 1917, il fonde la revue Nord-Sud à laquelle collaboreront Apollinaire, Aragon, Breton, Tzara. Au début des années 20, il est l'amant de Gabrielle Chanel à qui il dédiea de nombreux poèmes. En 1926, à l'âge de 37 ans, annonçant que « libre penseur, [il] choisit librement Dieu », il se retire dans une réclusion méditative près de l'abbaye bénédictine de Solesmes où il demeure jusqu'à sa mort, à 70 ans en 19607. Là sont nés ses plus beaux recueils, tels Sources du vent, Ferraille, Le Chant des morts. Sources : lyres.chez.com, wikipedia.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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