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Manuel J. Castilla

La casa

La maison

Ese que va por esa casa muerta

y que en la noche por la galería

recuerda aquella tarde en que llovía

mientras empuja la pesada puerta,

 

ese que ve por la ventana abierta

llegar en gris como hace mucho el día

y que no ve que su melancolía

hace la casa mucho más desierta,

 

ese que amanecido, con el vino,

se arrima alucinado al mandarino

y con su corazón lo va tanteando,

 

ese ya no es, aunque parezca cierto,

es un Manuel Castilla que se ha muerto

y en esa casa está resucitando.

 

Celui qui hante cette maison morte,

qui dans la nuit déambule sous l’auvent,

et se rappelle un soir de pluie et vent,

tandis qu’il pousse sa plus lourde porte,

 

celui qui voit par la fenêtre ouverte

en aube grise revenir le jour,

mélancolie dont il ne voit le tour

qui rend pour lui la maison plus déserte,

 

celui qu’éveille le vin printanier,

s'approche en songe du mandarinier

en le serrant maladroit sur son cœur,

 

cet homme à l’air si vrai n’est plus,

c’est un Manuel Castilla déjà disparu,

que la maison ressuscite sans rancœur.

 

Présences à Frontenay 2016, Le sage et la pluie

Source : Posesión entre pájaros (Possession parmi des oiseaux), 1966, in Horacio Armani, Antología esencial de poesía argentina (1900-1980), Buenos Aires, Aguilar, coll. “Ensayistas hispánicos”, 1982, p. 285. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Susana Peñalva.

Biographie

Manuel J. Castilla (1918-1980) est un poète argentin originaire de la province de Salta. Dès ses premiers livres, il aborde des thèmes qui seront présents tout au long de son œuvre ; des impressions de son vécu du monde aborigène et dont il fait l’expérience dans le Chaco salteño et dans l’Altiplano bolivien. Suite à une première influence de Pablo Neruda, Castilla développe une interprétation personnelle de l’environnement et de la vie des gens dans le paysage « norteño ». Dans sa poésie, d’intention sociale face à l’injustice vécue, convergent la passion et la sagesse mélancolique de vivre et de contempler – deux vertus qui résonnent à travers des accents profondément humains. Parmi ses nombreux recueils figurent : Agua de luvia (1941), Luna muerta (1943), La tierra de uno (1951), Norte adentro (1954), Bajo las lentas nubes (1963), Posesión entre pájaros (1966), Andenes al ocaso (1967), Cantos del gozante (1972), Triste de la lluvia (1977). Il obtient le Prix Régional de Poésie du Nord en 1957, et le Grand Prix d’Honneur de la Société Argentine d’Ecrivains (SADE), ainsi que le Premier Prix National de Poésie, en 1973. Source : Horacio Armani, Antología esencial de poesía argentina (1900-1980), Buenos Aires, Aguilar / “Ensayistas hispánicos”, 1982.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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