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Benjamin Perret

Où es-tu ?

Je voudrais te parler cristal fêlé hurlant comme un chien

dans une nuit de drap battants

comme un bateau démâté que la mousse de mer commence d’envahir

où le chat miaule parce que les rats sont partis

Je voudrais te parler comme un arbre renversé par la tempête

qui a tellement secoué les fils télégraphiques

qu’on dirait une brosse pour les montagnes pareille à la

mâchoire inférieure d’un tigre

qui me déchire lentement avec un affreux bruit de porte enfoncée

Je voudrais te parler comme une rame de métro en panne à l’entrée

d’une station où je pénètre avec une écharde dans un orteil

pareil à un oiseau dans une vigne

qui ne donnera pas plus de vin qu’une rue barrée

où j’erre comme une perruque dans une cheminée

qui n’a plus rien chauffé depuis si longtemps

qu’elle se croit le comptoir d’un café

où les cercles laissés par les verres dessinent une chaîne

Je te dirais simplement

que je t’aime comme le grain de blé aime le soleil se levant en haut de sa tête de merle

 

Présences à Frontenay 2016, L'Oubli

Source : Un point c’est tout, Benjamin Perret, 1946. Repris dans Feu Central, 1947.

Biographie

IBenjamin Perret (1899-1959) est un écrivain et poète surréaliste français. Sa mère le fait engager comme infirmier au cours de la Première Guerre mondiale. En 1920, rendant visite à André Breton, elle lui recommande une « personne » qui « voudrait se lancer dans la littérature ». Quelques jours plus tard, se présente Benjamin Péret. En 1921, il participe au procès contre Barrès, organisé par les dadaïstes. Au Brésil, où il séjourne de 1929 à 1931, il mène une vie où il est simultanément un opposant de gauche, un poète reporter, un correcteur, un père de famille et un prisonnier politique. Il est finalement expulsé comme « agitateur communiste ». En 1936, il se rend en Espagne auprès des républicains en tant que délégué du Parti ouvrier internationaliste. Revenu en France, il est emprisonné en mai 1940 à Rennes au motif de reconstitution de ligue dissoute, puis libéré sous caution par les nazis qui viennent d'occuper la Bretagne. En 1941, il part au Mexique où il reste sept ans, fasciné par l’art Maya. De retour en France, il écrit pour les revues surréalistes et participe politiquement à la décolonisation et à la critique du stalinisme. Poète surréaliste des plus singuliers, ses poèmes frappent par la virtuosité de son écriture automatique, la luxuriance baroque des images, l’humour burlesque et l’audace transgressive. Source : Wikipedia.

© 2016 par Présences à Frontenay. Créé avec Wix.com

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